En début de semaine est décédé (RIP), à l’âge où il n’est plus indécent de décéder (93 ans), l’ancien ganadero Javier Pérez Tabernero et si l’on en croit les tenants des patronymes castillans, il ne faut pas insérer de tiret entre Pérez et Tabernero.
Javier Pérez Tabernero appartenait à la plus légendaire famille du campo Charro puisqu’il était le fils d’Alipio Pérez Tabernero Sanchón et donc le petit-fils de Fernando-Ildefonso Pérez Tabernero. Ses oncles se nommaient Graciliano, Argimiro ou Antonio Pérez de San Fernando. Et comme tous ses parents, Javier Pérez Tabernero fut ganadero de toros de lidia. Il éleva tout d’abord des Santa Coloma hérités de son père puis se tourna à la fin du XX° siècle vers des Atanasio Fernández purs sucre. Ses Santa Coloma devinrent alors les Hermanos Clemares Pérez Tabernero qui n’existent plus aujourd’hui, tout comme ses Atanasio.
L’on pourrait écrire que Javier Pérez Tabernero est l’incarnation la plus parfaite de l’évolution qui a marqué le campo Charro durant la seconde moitié du XX° siècle et le début de celui-ci. Converti à l’Atanasio dans un premier temps comme nombre de ses confrères de la zone, son élevage a finalement sombré corps et biens ces dernières années de la même manière que tant d’autres évangélisés par le raz de marée Domecq. Comme le Santa Coloma — la descendance Santa Coloma des Alipio se retrouve aujourd’hui surtout chez Pilar Población et Hoyo de la Gitana —, l’Atanasio est une denrée devenue bien rare sous les encinas centenaires de la région de Salamanque.
Il y a dix ans encore, l’on pouvait garer la voiture en bord de route et contempler les toros de saca de Javier Pérez Tabernero. On retrouvait chez lui ce pelage si particulier dénommé le carbonero. Il s’n voyait aussi chez Charro de Llen mais le Daniel Ruiz a lavé tout ça de son insondable manque d’intérêt.
Les carbonero s’en sont allés en même temps ou presque que les derniers résidus de charbon en Europe. Un siècle a passé, les époques meurent.
Nota : en visitant en mai 2015 l’élevage de Valdefresno, nous apprenions que la famille avait racheté une grande partie de l’élevage de Javier Pérez Tabernero et au détour d’un cercado d’utreros, nous attendait la tête haute un joli carbonero…ouf.