Les Toros de Valdellán se sont, avec mollesse, ennuyés à Tyrosse. Nous ne serons être d’accord avec eux que sur cet unique point. Seul un quarteron de Yankees a trouvé là l’occasion d’exprimer avec force « yeeeeeh » et moult « fucking » sa découverte de la corrida dont le climax a été pour l’un des fils de la famille le coup de patte d’un toro dans une montera posée au sol et qui déclencha la navrante éructation du nasillard biberonné à la bière : « warrrrrrriiiiiiioooorrr ».
Disparates de caisse, correctement armés (une ou deux pointes vite abîmées), les Graciliano avaient plutôt dans l’idée de rendre hommage à la cinématographie pesante d’un réalisateur neurasthénique abonné à Télérama qu’au bon vieux western où les méchants sont très méchants et les héros très cons mais très héros. Hier à Tyrosse, ni héros, ni méchant, ni brave, pas même un Mexicain tordu ou un Peau-Rouge adepte du scalp. Et, comme souvent en pareille déveine, la musique omniprésente n’eut rien d’un clin d’œil discret rendu à Ennio Moriconne. Dans son remarquable « Impitoyable« , Clint Eastwood fait reprendre du service à deux vieilles canailles rangées des affaires. Le résultat est un chef-d’oeuvre oscillant entre rire et drame. Javier Castaño, qui commence à faire partir des vieux du circuit parallèle, a oscillé à Tyrosse entre le loin et le moins avec le quatrième toro, seul cornu qui afficha de l’allégresse en troisième tiers parce qu’il … n’avait pas été piqué (un infime picotazo lors de son unique rencontre). Toreo périphérique et sans intérêt à l’image de celui de Morenito de Aranda dont on sent l’envie de composer la figure mais le total désintérêt de la lidia. Restait le jeune Tomás Campos de Llerena et mis à part un joli poignet gauche, force est de constater que le placement juste n’est pas encore son crédo.
Les Valdellán traversent un mauvais moment qu’Orthez 2015 annonçait et qui avait été confirmé par les trois novillos insipides lidiés à Aire en mai 2016.